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Le contact
Poussière. « Plus on est vieux, plus on est seul ; face à quelques souvenirs d’une vie qui se détruit au fur et à mesure ».
Ereinté, Je m’accroche à mes certitudes. Mes certitudes ? Certains Hommes aiment imposer celles qui leur sont propres, d’autres aiment fuir ce qui est de l’ordre du commun; pouvant être alors, un exemple, un paria, un insignifiant ou même une bizarrerie. Je suis de ces autres ; pour le reste, c’est une histoire de choix. J’ai vu la mort dans les yeux de mon père. Je veux que perdurent tous les souvenirs de ma vie entamée au quart. Je vis déjà dans le passé, pas trop à l’aise maintenant, aveuglé par mes lendemains.
Je me souviens des femmes de mes nuits saoules, de nos étreintes furtives. Beautés endiablées pour mes yeux, bêtise obscène pour ma prétention d’homme. Ces souvenirs me ramènent à une légèreté qui m’étouffe, le plaisir de la chair qui s’échappe de toute raison. Futile mémoire qui me rappelle que je suis seul. Solitude lassante. Solitude fusionnelle, passionnée, partagée. Une solitude qui ne dit pas son nom.
Mon ego est envahissant. Je voue un culte inconscient à mes ressentis les plus réfléchis. Peu de recul, je juge et j’en ai honte. Je juge pour me protéger de l’inquisition de l’autre. L’autre con. Je déplore la dimension étendue et opaque de son nombrilisme tout en sachant mal contrôler le mien. C’est le heurt assuré avec mes semblables. Je suis seul lorsque je suis seul. Je suis seul au sein d’une quelconque assemblée. Je ne le suis pas toujours, entouré de mes proches. Je n’y songe pas, je suis auprès de mes amours.
Le débat, la conciliation, l’harmonisation, la trahison, la réconciliation, l’humiliation, les soupçons, la légèreté, l’amusement, la déception et la condamnation. Le contact. L’Homme ne peut vivre physiquement seul, sans risquer, un temps passé, de céder son âme entière à la folie. C’est une des vérités dictées par notre éducation qui me parait la moins absurde. Malheureusement, je ne supporte que mal le contact. Je n’ai pas confiance dans les incidences que je peux lui porter. Je n’ai pas le choix, je le supporte à juste dose. Cela n’enlève rien de l’amour que j’ai encore à témoigner, mais mon hymne solitaire fragilise la stabilité de son expression. Je veux finir. Ai-je réussi à synthétiser ce que m’inspire la vie en société, ce fameux contact à l’autre qui ne me rend que plus maladroit ; ai-je finalement su me faire comprendre? Je n’en sais rien. Je finis. Je ne suis qu’un paumé de plus sur la place publique.
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